Michel Houellebecq: la búsqueda de la felicidad (extractos)

 

(Extractos)

 

 

J'aime les hôpitaux, asiles de souffrance

 

Où les vieux oubliés se transforment en organes

 

Sous les regards moqueurs et pleins d'indifférence

 

Des internes qui se grattent en mangeant des bananes.

 

 

 

Dans leurs chambres hygiéniques et cependant sordides

 

On distingue très bien le néant qui les guette

 

Surtout quand le matin ils se dressent, livides,

 

Et réclament en geignant leur première cigarette.

 

 

 

Les vieux savent pleurer avec un bruit minime,

 

Ils oublient les pensées et ils oublient les gestes

 

Ils ne rient plus beaucoup, et tout ce qui leur reste

 

Au bout de quelques mois, avant la phase ultime,

 

 

 

Ce sont quelques paroles, presque toujours les mêmes.

 

Merci je n'ai pas faim mon fils viendra dimanche.

 

Je sens mes intestins, mon fils viendra quand même.

 

Et le fils n'est pas là, et leurs mains presque blanches.

 

 

 

 

 

Me gustan los hospitales, asilos de sufrimiento

 

En donde los viejos olvidados se transforman en órganos

 

Bajo las miradas burlonas y llenas de indiferencia

 

De los internos que se rasgan comiendo plátanos.

 

 

 

En sus cuartos higiénicos y sin embargo sórdidos

 

Se distingue muy bien la nada que los acecha

 

Sobre todo cuando se visten por la mañana, lívidos,

 

Y piden gimiendo su primer cigarro.

 

 

 

 

 

Los viejos saben llorar con un ruido íntimo

 

Olvidan los pensamientos y olvidan los gestos

 

Ya no se ríen mucho, y todo lo que les queda

 

Después de algunos meses, antes de la fase final,

 

 

 

Son algunas palabras, casi siempre las mismas;

 

Gracias no tengo hambre mi hijo vendrá el domingo.

 

Siento mis intestinos, mi hijo vendrá de todos modos.

 

Y el hijo no está, y sus manos, casi blancas.

 

 

 

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Il est vrai que ce monde où nous respirons mal

 

N'inspire plus en nous qu'un dégoût manifeste,

 

Une envie de s'enfuir sans demander son reste,

 

Et nous ne lisons plus les titres du journal.

 

 

 

Nous voulons retourner dans l'ancienne demeure

 

Où nos pères ont vécu sous l'aile d'un archange,

 

Nous voulons retrouver cette morale étrange

 

Qui sanctifiait la vie jusqu'à la dernière heure.

 

 

 

Nous voulons quelque chose comme une fidélité,

 

Comme un enlacement de douces dépendances,

 

Quelque chose qui dépasse et contienne l'existence ;

 

Nous ne pouvons plus vivre loin de l'éternité.

 

 

 

Es verdad que este mundo donde respiramos mal

 

Ya solo inspira en nosotros un asco evidente,

 

Unas ganas de huir sin pedir más,

 

Y ya no leemos los titulares de los periódicos.

 

 

 

Queremos regresar a la antigua casa

 

Donde nuestros padres vivieron bajo el ala de un arcángel,

 

Queremos reencontrar esta moraleja extraña

 

Que santificaba la vida hasta la última hora.

 

 

 

Queremos algo como una fidelidad,

 

Como un enlazamiento de esperanzas suaves,

 

Algo que supere y contenga la existencia;

 

Ya no podemos vivir lejos de la eternidad.

 

 

 

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Le long fil de l'oubli se déroule et se tisse

 

Inéluctablement. Cris, pleurs et plaintes.

 

Refusant de dormir, je sens la vie qui glisse

 

Comme un grand bateau blanc, tranquille et hors d'atteinte.

 

 

 

 

 

El hilo largo del olvido se desenrolla y se crea

 

Ineluctablemente. Gritos, llantos y quejas.

 

Me rehúso a dormir y siento como la vida se desliza

 

Igual a una nave blanca, tranquila, no se alcanza.